Bonjour!
Je vous retrouve en ce samedi, pour une nouvelle catégorie sur notre blog! Il s’agit de la catégorie « Premières lignes » que j’ai vue sur le blog de « Critique d’une lectrice assidue« !
Ce type d’article consiste à vous poster une fois par semaine les premières lignes d’un roman que nous nous aimons, ainsi, vous pourrez découvrir celui-ci et peut-être même vouloir le lire en entier!
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous poster les premières lignes d’un roman que j’aime d’amour, un roman de Stephen King (mon préféré de cet auteur): il s’agit de Joyland!
J’ai chroniqué ce roman en début d’année, et si cela vous intéresse d’avoir mon avis complet, cliquez ici!
Je vous laisse donc avec les premières lignes de ce roman! Bonne lecture!
P.S: Il n’y aura peut être pas ce type d’article tous les samedis malheureusement, mais n’hésitez pas à nous dire si cette catégorie vous plait.
JOYLAND
Stephen King, 2013
J’avais une voiture, mais au cours de cet automne
1973, je suis allé à Joyland à pied presque tous les
jours depuis le petit gîte de bord de mer de Mrs. Shoplaw
où je logeais à Heaven’s Bay. Ça me semblait la
meilleure chose à faire. La seule, à vrai dire. Début
septembre, la plage de Heaven’s Bay est quasiment
déserte. Et ça m’allait. Car cet automne-là fut le plus
beau de ma vie, même quarante ans plus tard je peux
le dire. Et je n’ai jamais été aussi malheureux de
ma vie, ça aussi je peux le dire. Les gens trouvent
que les premières amours sont tendres. Et jamais plus
tendres que lorsque ce premier lien se brise… Il y a
bien un millier de chansons pop et country à l’appui
: des histoires d’imbéciles qui ont eu le cœur
brisé. Le fait est que ce premier cœur brisé est toujours
le plus douloureux, le plus long à guérir, et
celui qui laisse la cicatrice la plus visible. Tendre,
vous croyez ?
*
De septembre jusqu’à début octobre, les ciels de
la Caroline du Nord sont dégagés et l’air est doux
même à sept heures du matin, l’heure où je quittais
mon appartement du premier étage par l’escalier
extérieur. Si je partais vêtu d’un blouson léger,
il finissait généralement autour de ma taille avant
que j’aie parcouru les cinq kilomètres séparant la
ville du parc d’attractions.
Mon rituel commençait par un arrêt chez Betty,
à la boulangerie, pour acheter deux croissants tout
chauds. Mon ombre, longue d’au moins six mètres,
marchait avec moi sur le sable. Des mouettes pleines
d’espoir tournoyaient au-dessus de ma tête, attirées
par l’odeur des croissants dans leur papier paraffiné.
Et quand je rentrais aux alentours de cinq heures
(même si des fois il m’arrivait de rester plus tard
– rien ni personne ne m’attendait à Heaven’s Bay,
petite station balnéaire qui se rendormait à la fin
de l’été), mon ombre marchait sur l’eau. Si c’était
marée haute, elle ondulait à la surface, semblant
danser une hula lancinante.
Je ne saurais l’affirmer, mais je pense que le petit
garçon, la femme et le chien étaient là dès mon
premier trajet à pied par la plage. Le rivage, entre
Heaven’s Bay et les joyeuses lumières de pacotille
de Joyland, était bordé de maisons de vacances,
luxueuses pour beaucoup, la plupart barricadées
après Labor Day. Sauf la plus grande d’entre elles,
celle qui ressemblait à un grand château en bois
peint en vert. Un caillebotis menait de son vaste
patio arrière jusqu’à l’endroit où l’herbe des dunes
cède la place au fin sable blanc. Au bout du caillebotis
en bois, il y avait une table de pique-nique à
l’ombre d’un parasol de plage vert vif. Le petit gar-
çon était assis sous le parasol, dans son fauteuil roulant,
une casquette de baseball sur la tête et une
couverture sur les jambes même en fin d’après-midi,
quand la température dépassait encore les vingt
degrés. Je lui donnais dans les cinq ans, pas plus de
sept en tout cas. Le chien, un jack russell, était ou
bien couché à ses pieds, ou bien assis près de lui.
Assise à la table, sur l’un des bancs, la femme lisait
parfois un livre, la plupart du temps elle regardait
simplement l’océan. Elle était très belle.
Que ce soit à l’aller ou au retour, je les saluais
toujours d’un geste de la main, et le petit garçon me
répondait. Elle non, du moins pas au début. C’était
l’année 1973, celle de l’embargo sur le pétrole de
l’OPEP, celle de la déclaration de Richard Nixon
comme quoi il n’était pas un escroc, celle de la disparition
d’Edward G. Robinson et de Noel Coward.
L’année perdue de Devin Jones, puceau de vingt et
un ans rêvant de devenir écrivain… Je possédais en
tout et pour tout trois jeans, quatre slips kangourou,
une vieille Ford (équipée d’une bonne radio), des
envies de suicide intermittentes et un cœur brisé.
Tendre, l’amour ?
Avez- vous apprécié la lecture des premières lignes de ce fabuleux roman? Si vous l’avez lu, l’avez vous autant apprécié que moi?
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